La forteresse flottante de 1522 ! Un cuirassé chrétien, qui bat 25 navires turcs !
Le 26 octobre 1530, le Grand Maître de l'Ordre des Chevaliers de Saint-Jean Philippe Villagers de Lisle Adam arrive avec 400 chevaliers dans trois galères, SANTA CROCE (Sainte-Croix), SAN FILIPPO (Saint Philippe) et SAN GIOVANNI (Saint Jean), à Malte, qui leur avait été donnée par l'empereur des Habsbourg, le célèbre Charles Quint.
Malte était destinée à devenir une base sûre pour les opérations navales de l'Ordre contre les musulmans. Quelques années auparavant, en 1522, les Chevaliers avaient perdu leur base, l'île grecque de Rhodes, après un siège épique. La même année, les Chevaliers avaient commandé à la France un super-navire pour l'époque, la caravelle "SANT ANNA" (Sainte Anne).
C'était un navire étonnant pour l'époque. Tout d'abord, il était énorme, avec un déplacement, selon certaines sources, de 1 700 tonnes. Il avait six ponts. Sur les deux ponts inférieurs se trouvaient les canons principaux, soit un total de 50 canons lourds, sur les côtés, mais aussi quelques-uns dirigés vers l'avant et d'autres couvrant la poupe du navire. Plusieurs dizaines d'autres canons plus légers étaient montés sur les ponts supérieurs, et même les postes de guet sur les mâts !
L'une des caractéristiques les plus importantes, cependant, était que le navire était recouvert de plaques de plomb à la fois sur la partie du navire située sous l'eau et sur une hauteur couvrant les deux ponts principaux. Il était impossible d'être touché en plein cœur par les canons de l'époque. En d'autres termes, c'était un cuirassé précoce ! Il n'était susceptible d'être touché qu'à très courte distance ou par des tirs de mortier aériens. À l'avant et à l'arrière se trouvent des "casemates" en bois avec des canons et des sabords de fusil à partir desquels les Marines combattaient.
Au-delà, le navire était littéralement une forteresse flottante. En plus de son équipage, il pouvait accueillir au moins 500 Marines. Il disposait d'une salle de conférence pour le Grand Maître, de ses propres fours qui cuisaient du pain frais tous les jours, d'excellents logements pour l'époque pour tous ceux qui étaient à bord. Il avait même un jardin suspendu, non seulement pour la décoration, mais aussi pour faire pousser des légumes frais. Il pouvait transporter des vivres et des fournitures pour 6 mois (jusqu'à 900 tonnes de fournitures, de nourriture ou d'autres cargaisons) et possédait un hôpital.
Le navire était si puissant qu'à une occasion, en 1531, peu après son arrivée à Malte, il a réussi à affronter et à vaincre seulement 25 galères turques, humiliant la marine de Soliman, dite "magnifique". Le navire participe aux opérations des Chevaliers à Corona et, en tant que membre de la flotte de l'amiral de Charles Quint, Andrew Doria, il " scelle " littéralement le golfe de Corinthe pour les navires turcs en 1532.
En 1535, avec les galères de l'Ordre de Saint-Jean, il navigue de Malte vers Tunis, contre laquelle une force chrétienne combinée lance une attaque. L'obstacle, cependant, était la forte forteresse de La Goleta avec ses nombreux canons lourds. La Sainte Anne était plus lourde et plus lente que les galères, malgré ses trois mâts, et naviguait donc indépendamment d'elles.
Son arrivée, cependant, fut l'ennemi juré des musulmans, qui virent leurs tirs incapables d'infliger des dommages dignes de ce nom au cuirassé chrétien. Au contraire, lorsque le navire ouvrait le feu avec ses canons lourds, il récoltait des remparts, des canons et des défenseurs ennemis. Il était si grand que ses ponts supérieurs atteignaient la hauteur des remparts, ce qui permettait à ses canonniers et à ses fusiliers d'abattre facilement les guerriers adverses. En même temps, les blessés chrétiens y étaient transportés car c'était le seul navire doté d'un hôpital.
Il va sans dire que lorsqu'il prenait la mer, les navires turcs, algériens et tunisiens veillaient à éviter tout contact avec lui... Jusqu'en 1540, date de son désarmement, il fut la peur de l'Islam en Méditerranée. La raison de son déclassement reste à ce jour un mystère historique, probablement lié à la mauvaise gestion, en général, du grand magistrat Juan de Homedes, qui a également perdu l'ancrage territorial du bataillon sur la côte nord-africaine, en rejetant la faute sur le courageux commandant des forces de l'Ordre dans cette région, qu'il a même emprisonné et qui a été réintégré après la mort de ce magistrat, auquel a succédé le célèbre de La Vallette.
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