Migraine : ce spray nasal pourrait bientôt soigner vos crises
Un nouveau traitement par spray nasal, développé par le laboratoire Pfizer, semble prometteur pour réduire la douleur liée aux migraines. L’avis du Dr Dominique Valade, neurologue.
Une plus grande efficacité dès 2 heures après le traitement
Le traitement, qui s’administre par spray nasal (et non par voie orale), a été testé dans le cadre d'un essai en double aveugle entre le 27 octobre 2020 et le 20 août 2021.
Au total, 1 405 personnes ont été divisées en deux groupes : l'un recevant une dose unique de 10 mg de zavegepant et l'autre un placebo. Les participants souffraient de deux à huit crises de migraine modérées ou sévères par mois, et leurs crises non traitées duraient en moyenne plus de 30 heures. Au cours de l'étude, les participants ont enregistré l'intensité de leur douleuret identifié le symptôme le plus gênants qui y était associé (phonophobie, photophobie, nausée). Ils ont également enregistré leur niveau d'incapacité fonctionnelle lors de la crise et après le traitement.
Résultat : Zavegepant s'est avéré efficace dans le traitement aigu de la migraine, avec une absence de douleur (24 % contre 15 %) et du symptôme associé (40 % vs 31 %) deux heures après l'administration. D
"Cette molécule a été efficace dans le traitement aigu de la migraine, avec des profils de tolérance et de sécurité favorables. Des essais supplémentaires sont nécessaires pour établir la sécurité à long terme et la cohérence des effets entre les attaques", ont ainsi noté les chercheurs.
En clair, "2 heures après la dose de traitement, un nombre plus grand de participants du groupe Zavegepant que du groupe placebo n'avaient plus de douleur (…) Ils ont remarqué une absence de leur symptôme le plus gênant", a encore précisé l’étude.
Peu d’effets indésirables
Zavegepant est un antagoniste des récepteurs CGRP de troisième génération, à haute affinité, sélectif et structurellement unique, et le seul antagoniste des récepteurs CGRP en développement clinique avec des formulations intranasales et orales. Autre avantage du traitement : il présente peu d’effets indésirables.
Les chercheurs ont ainsi relevé comme désagéments la dysgueusie (altération du goût), l’inconfort nasal et les nausées, mais "aucun signal d'hépatotoxicité dû au Zavegepant n'a été identifié".
De son côté, Pfizer a déclaré, dans un communiqué, que ce traitement antimigraineux a "démontré un soulagement de la douleur migraineuse en 15 minutes, avec un soulagement pouvant durer jusqu'à 48 heures pour de nombreux patients. Zavegepant a été bien toléré et aucun événement indésirable grave n'a été signalé chez les participants traités".
Une place dans la prise en charge qui reste à préciser
Cette molécule est bien connue du milieu scientifique, d’après le Dr Valade, neurologue.
"On parle du Zavegepant depuis 10 ans. Si cette molécule a toujours semblé prometteuse, aucun médicament n’est jamais sorti. Et pourtant : ce traitement de crise peut aussi être utilisé en traitement de fond".
Aujourd'hui, deux médicaments de la même classe thérapeutique ont été approuvés aux Etats-Unis et en Europe (rimégépant en traitement de fond et ubrogépant en traitement de crise). Cette nouvelle forme galénique par spray pourrait apporter un soulagement plus rapide.
Néanmoins, à ce jour, aucune étude comparative n'a été conduite avec des triptans (principaux traitements des migraine). De la même manière, on dispoe de peu de recul quant à l'efficacité de ces médicaments sur le long terme. Autant de questions qui devront trouver une réponse avant que les patients migraineux puissent disposer d'une nouvellle arme thérapeutique.
Sources
- Richard B Lipton, Robert Croop, David A Stock, Jennifer Madonia, Micaela Forshaw, Meghan Lovegren, Linda Mosher, Vladimir Coric, Peter J Goadsby, Safety, tolerability, and efficacy of zavegepant 10 mg nasal spray for the acute treatment of migraine in the USA: a phase 3, double-blind, randomised, placebo-controlled multicentre trial, The Lancet Neurology, Volume 22, Issue 3, 2023, Pages 209-217, ISSN 1474-4422, https://doi.org/10.1016/S1474-4422(22)00517-8.
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